Achevé en 1859, l’opéra de Wagner qui narre la légende des contrées de Cornouailles, Tristan et Isolde, a été décrit par George Bernard Shaw comme « une transcription en musique étonnamment intense et fidèle des émotions qui accompagnent l’union d’un couple d’amants ». En effet, le langage chromatique révolutionnaire que Wagner a développé pour cette transcription musicale était si significatif qu’il a même été jugé moralement discutable à sa sortie – notamment son fameux « accord de Tristan », qui consiste en un glissement chromatique vers le haut dans un froissement harmonique atonal sans résolution. Cet accord, qui évoque fortement des désirs sexuels inassouvis, est très présent à l’acte II pour le couple d’amants « O sink hernieder, Nacht der Liebe », chanté juste avant que leur rendez-vous secret ne soit interrompu par le fiancé d’Isolde, le vieux roi Marke, qui conduira à l’issue fatale de Tristan.