Dans son « Testament d’Heiligenstadt » (1802), lettre à ses frères qu’il n’envoya jamais, Beethoven exprima tout son désespoir face à sa surdité incurable. C’est une plongée dans cette « tempête émotionnelle » que propose le Testament de Shchedrin (2008). D’une grande expressivité, cette page symphonique évoque la trajectoire de Beethoven « à travers les ténèbres jusqu’à la lumière ». Terminé dans les mois qui suivent la crise d’Heiligenstadt, le Concerto N° 3, en ut mineur, reste ancré en Mozart, mais Beethoven y ouvre de nouveaux chemins : l’orchestre, désormais, dialogue d’égal à égal avec le soliste. Le premier mouvement sombre et passionné est suivi par un Largo apaisé. Un Rondo humoristique très virtuose a le mot de la fin. C’est sur un sourire que s’ouvre la Symphonie N° 15 en la majeur de Chostakovitch. Composée quatre ans avant la mort du compositeur, elle est son adieu symphonique au monde, et à la musique, au fil d’un parcours jalonné de citations : Rossini, Glinka, Mahler, Wagner, Chostakovitch lui-même. Écrite pour un grand orchestre symphonique, mais presque chambriste dans son écriture, elle s’achève sur des mesures saisissantes : dispersion de la musique, fin de la vie.