Dans Háry János (1927), comédie lyrique pleine d’humour et de rêve, Zoltán Kodály met en scène un vétéran des guerres napoléoniennes qui s’invente des aventures rocambolesques avec l’impératrice Marie-Louise et l’empereur. Kodály en tira une suite symphonique qui séduit immédiatement par sa gaîté, ses marches parodiques, ses pages colorées nourries de thèmes populaires. Huit ans après le tollé suscité par son iconoclaste Concerto N° 2 (1913), Prokofiev termine en Bretagne un Concerto N° 3 aussi éblouissant de virtuosité, mais plus classique de facture et d’un lyrisme plus affleurant. Toutes les facettes de son art y sont réunies : motorisme, moments cantabile, ironie, éclat percussif. Le poète Balmont, après l’avoir entendu, qualifia Prokofiev de « Scythe invincible, frappant dans le tambourin du soleil. » Dissonances radicales, changements rythmiques, accents déplacés, violence sonore alors inouïe : avec Le Sacre du printemps (1913), « ouragan venu du fond des âges prendre notre vie aux racines » (Louis Laloy), Stravinsky fait entrer la musique du XXe siècle dans une ère nouvelle.