Stravinsky eut l’idée de son dernier et plus vaste opéra en découvrant un jour au Chicago Art Institute une série de huit tableaux du peintre William Hogarth intitulée The Rake’s Progress (La carrière du Roué).
Le livret, dont il confia l’écriture au poète W.H. Auden, raconte l’ascension à marche accélérée du héros Tom Rakewell, homme faible qui, poussé par le méphistophélique Nick Shadow, abandonne sa bien-aimée (Anne Trulove) pour faire fortune, épouse une femme à barbe, se ruine, joue son âme aux cartes et finit dans un asile d’aliénés dont Anne essaiera, en vain, de le sortir.
Clôturant la période néo-classique de Stravinsky, la partition malicieuse se présente comme une délicieuse subversion du style opératique du 18e siècle, avec récitatifs, airs de virtuosité, ensembles. Distanciation et ironie en sont les maîtres mots.
Créé en 1951 à la Fenice de Venise, l’opéra connut rapidement un succès mondial qui ne s’est pas démenti depuis. C’est l’un des opéras les plus programmés au monde.