RANDALL GOOSBY / JULIEN QUENTIN

Escrimeur hors-pair, commandant des armées pendant la Révolution ; et pourtant, on parle bien de Joseph Bologne, Chevalier de Saint-George, virtuose du violon et musicien à la cour du Roi ! Depuis quelques années, son œuvre fait l’objet d’un intérêt sans précédent. Il faut dire que le caractère extrêmement saisissant et bondissant de ses oeuvres est d’une redoutable efficacité, à l’image du rythme de triolets dansant qui émaille le Rondo final de sa troisième Sonate pour Violon et Piano.  

Gabriel Fauré, dont on a fêté en 2024 le centenaire de la disparition, nous livre dans sa première Sonate une œuvre de jeunesse fraîche, emportée et printanière, transcrivant musicalement dans les larges phrases du premier mouvement les élans amoureux du début de l’âge adulte. Le Scherzo, tout en douceur, peut évoquer avec son mouvement caractéristique en spiccato une danse rapide et légère, ou un mouvement mécanique répétitif à souhait, nous rappelant que Fauré à grandi dans l’ère industrielle.  

Auparavant, le Poème de Chausson s’épanouissait dans un lyrisme beaucoup plus brumeux et mystérieux, inspiré par un poème de Tourgueniev. Dédié comme la Sonate de Fauré à l’immense virtuose Eugène Ysaÿe, il montre une autre facette de ce qu’incarnait l’école française du violon à la Belle-Époque.  

Le climat est encore fort différent dans le Rondo brillant de Schubert. Développant la rhétorique de l’archet avec une aisance mozartienne, les mélodies se multiplient et rivalisent d’inventivité dans un caractère héroïque qui conviendra à merveille à Randall Goosby, qui par son charisme est l’interprète idéal de cette œuvre vivante et spirituelle.