En coulisses avec…Maude Chuche
Créatrice de liens et de sens
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Maude Chuche – TALK du 25.07 © Sofia Lambrou |
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Nouvelle formule, nouvelle fréquence, c’est désormais sous l’appellation TALKS qu’artistes et figures majeures de la scène culturelle se racontent et dialoguent avec les festivaliers. Maude Chuche, talk manager garante du bon déroulement de ces instants privilégiés, en dévoile les dessous.
De quelle manière ces rendez-vous d’avant-concert ont-ils été repensés ?
On parle du grand retour des TALKS essentiellement parce que le format a changé et s’étend sur une heure comprenant 45 minutes de discussion et 15 minutes de questions-réponses avec le public. Devenus quotidiens et biquotidiens certains week-ends, leur rythme aussi est plus soutenu. Par ailleurs, si les conférences étaient auparavant liées au concert du jour, le panel des intervenants et des thèmes abordés (réalité virtuelle, archives du Verbier Festival…) est nettement plus large.
Ces TALKS ont été victimes de leur succès, à combien de reprises avez-vous fait salle comble ?
Sur les quinze premiers rendez-vous, six ont affiché complet. Lors de la présentation du futur centre culturel en présence de l’architecte Kengo Kuma, on s’attendait à avoir du monde, on avait d’ailleurs prévu de la diffuser sous la tente voisine, mais pas à ce point. La rencontre avec le pianiste Evgeny Kissin a aussi eu droit à cette double configuration.
Quels sont les revers de cette affluence signe de vif succès ?
À l’origine, cette salle vitrée de septante-deux places à laquelle on peut ajouter quelques chaises avait été pensée pour que les gens soient tentés d’y entrer et d’en ressortir quand bon leur semble. Or très vite de longues queues se sont formées à nos portes, incitant les auditeurs à venir en avance afin d’être sûrs d’y trouver une place. Cette cohue est un désagrément sur lequel il faudra se pencher.
Avec quel genre de difficultés devez-vous jongler ?
Malgré un programme planifié en amont, il arrive qu’il y ait soudain des désistements. À moi de trouver des remplaçants au pied levé et de faire en sorte que tout le monde soit avisé des changements à temps.
Propos recueillis par Marie-Madeleine Gabioud
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| LA PHOTO DU JOUR

Sonya Yoncheva 28.07.2025 © Sofia Lambrou
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LE TALK DU JOUR
Julien Quentin Host : Julian Sykes | 17:00
Pavillon des Combins |
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LE JUKEBOX DU JOUR
Vidéo > Gala 30 Anniversary (24 juillet 2023)
Pavillon des Combins | 17:30 |
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LA BALADE DU JOUR
Exposition « Glacier noir » de Camille Llobet
Au travers de trente photographies grands formats, qui se déploient le long du couronnement du barrage de Mauvoisin, l’artiste française Camille Llobet explore les moraines de la Mer de Glace.
+ d’info : verbier.ch |
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LA MÉTÉO DU JOUR
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« Arrêter de se sentir élèves pour jouer »
L’Atelier Lyrique, une fabrique de haute précision |
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© Nicolas Brodard |
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Si la Suisse est réputée pour ses ateliers d’horlogerie de pointe, il en est un autre, lyrique celui-ci, qui s’organise chaque été depuis près de trente ans dans les montagnes valaisannes. Aujourd’hui confié aux bons soins des chefs de chant Caroline Dowdle et James Baillieu, s’y élaborent les voix de demain, quand elles ne sont pas déjà presque celles d’aujourd’hui, tant le niveau semble être toujours plus élevé. Ainsi, en ce 21.07, l’Air des bijoux du Faust de Gounod, qui ouvre le premier récital « opéra » des jeunes chanteurs de l’Academy, laisse augurer que chacun d’entre eux sera une pépite, en même temps que l’Église de la station l’un de ses écrins.
Taillées, ces précieuses voix le sont minutieusement, à grand renfort de masterclasses, menées par des chanteurs dont la réputation n’est plus à faire – cette année Thomas Hampson ou encore Véronique Gens pour ne citer qu’eux –, de petits emplois dans la programmation Mainstage, tel Gianni Schicchi il y a quelques jours, de récitals ou encore d’opéras entiers, cette année Eugène Onéguine, où chacun des rôles leur est dévolu.
Sofia Anisimova, de retour pour la deuxième année à l’Academy, s’est vu confier celui d’Olga. La mezzo-soprano ukrainienne ne cache pas son enthousiasme quant au panel d’opportunités que lui offre cette structure: « Ce sont trois semaines intensives où nous travaillons tous les jours du matin au soir avec des personnalités musicales très réputées. Être avec nos jeunes collègues permet aussi de beaucoup échanger sur ce petit monde de l’opéra où il faut se tenir au courant de tout ce qui se passe. Au-delà du seul aspect musical, nous bénéficions également de coachings de préparation mentale, sur la manière de se tenir en scène mais aussi… de payer des taxes dans différents pays ! Des aspects pratiques extrêmement utiles. » Et l’artiste lyrique de résumer : « Tous ces coachs nous aident en fait à franchir une étape supérieure en tant qu’artistes. »
Parmi eux, James Garnon, en charge de la dimension scénique. Comédien classique spécialiste de Shakespeare, celui-ci se définit avant tout comme un « player », « à l’instar de ses homologues de théâtre élisabéthain », précise-t-il. Cet art du jeu, il avait déjà commencé à le transmettre aux jeunes chanteurs aux côtés de Caroline Dowdle et James Baillieu justement, au Samling Institute for Young Artists dans le Nord de l’Angleterre ; avec brio, semble-t-il, puisque les deux pianistes l’ont convié à venir les rejoindre à Verbier, il y a de cela cinq ans. S’il n’affiche « aucune prétention sur le plan musical ni envie de changer les chanteurs », il souhaite surtout « faire sortir l’humanité qui est en eux, qu’ils se focalisent moins sur les redoutables exigences techniques, parfaitement maîtrisées par tous et inhérentes au chant lyrique, afin d’aller au-delà. Je les invite à surmonter la peur de faire des erreurs, à prendre leur envol et à s’exprimer, car c’est ce qui fait un artiste. » Même si la phase de travail est relativement courte comparé à ce qu’il peut pratiquer d’autre part, il reconnaît cette année une promotion particulièrement réceptive à son souci de retour au texte : « Je m’assure qu’ils savent exactement ce qu’ils font sur le plan dramatique, de manière à pouvoir donner une réelle signification aux mots, car au théâtre, comme dans la vie d’ailleurs, une parole doit toujours être motivée. » Le travail n’est au fond pas très différent de celui effectué avec les acteurs classiques car avec des pièces jouées depuis des siècles, de l’aide est toujours bienvenue pour éviter de tomber dans les clichés : « J’incite les chanteurs à être eux-mêmes, ce qui n’est pas évident car je sais que les attentes du public peuvent parfois faire croire à une tradition quant à la façon de chanter certains rôles ; or, en se reconnectant aux mots, on se rend compte que les personnages ne s’interprètent pas forcément comme le laisserait entendre la coutume. » Malgré sa position de « mentor », son ambition est finalement simple : « Ils doivent arrêter de se sentir élèves pour jouer. » Quelle plus belle mission ?
Anne Payot-Le Nabour
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Ekaterina Bakanova
La 14e Symphonie de Chostakovitch, une symphonie digne d’un opéra ! |
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Ekaterina Bakanova © DR |
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Partition intense, la Symphonie N° 14 a été conçue par Chostakovitch comme une méditation sur la mort. Elle le terrifiait, il voulait en apprivoiser l’idée. Il choisit pour cela des poèmes du monde entier.
« La 14e Symphonie me semble le sommet de mon travail ; tout ce que j’ai écrit au cours ces dernières années n’était qu’une préparation à cette composition, mais il se peut que je me trompe » écrit Dmitri Chostakovitch à son ami Isaac Glikman, de l’hôpital où il séjourne pour la énième fois. Sept ans après la Symphonie N° 13, déploration sur le massacre de Babi Yar pendant la Seconde Guerre mondiale, la Symphonie N° 14, avec voix à nouveau (soprano et basse), porte sur la mort universelle : celle de tous et de chacun. L’œuvre forme un cycle alternant méditation, sarcasmes, lamentations ou interjections.
Ekaterina Bakanova, vous chantez ce soir la partie de soprano. Quelle vision de la mort se dégage de la 14e Symphonie ?
L’œuvre est sombre, bien sûr, mais il ne faut pas la réduire à sa dimension funèbre. Elle se présente comme une réflexion sur la mort à travers différents regards. Chostakovitch emprunte ses textes à des poètes très divers, de l’Espagnol Federico Garcia Lorca à l’Allemand Rainer Maria Rilke, en passant par Guillaume Apollinaire ou le romantique russe Wilhelm Küchelbecker. Dans certains textes, comme la Loreley d’Apollinaire, ou Le Suicidé, ma partie préférée de la symphonie, la mort est une libération. Le livret mériterait d’être mis en scène comme un opéra.
Comment Chostakovitch accorde-t-il musique et texte ?
Il souligne les images et inflexions des textes en utilisant très souvent des clusters, des accords fortissimo, des crescendos dramatiques. Chostakovitch a été un compositeur d’avant-garde dans sa jeunesse, il ne faut pas l’oublier. L’œuvre est d’une très grande puissance expressive.
Vous donnez à l’Église de Verbier la version pour voix, piano et percussions récemment redécouverte par Nicolas Stavy. En quoi se distingue-t-elle de la version avec orchestre ?
J’aime beaucoup la version symphonique que j’ai d’ailleurs déjà chantée : elle est somptueuse par son orchestration, mais la partition pour voix, piano et percussions, plus intime, nous atteint peut-être plus personnellement, intimement. Il y aura ce soir, en plus, un violon. J’espère que cette version sera donnée de plus en plus souvent. La 14e Symphonie mobilise les couleurs sombres du soprano, mais elle demande aussi, parfois, un son au contraire très lumineux. J’aime cette possibilité d’utiliser tous les registres de ma voix. »
Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan
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La Billetterie est ouverte à Verbier
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