En coulisses avec…Martine Pernoud
Créatrice de liens et de sens |
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Martine Pernoud © Silvia Laurent |
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Spécialiste en éveil musical, Fondatrice et Co-Directrice d’une école à Genève axée sur l’enseignement précoce de la musique, Martine Pernoud organise vingt-cinq ateliers pour les petits dans le cadre des programmes KiDS. Les VIPP, les Very Important Petites Personnes comme elle les appelle affectueusement. Rencontre.
Qu’est-ce que l’éveil musical, pour vous ?
C’est initier très tôt les enfants à la musique, non pour en faire des prodiges, mais pour nourrir des fonctions cognitives essentielles liées au monde sonore. Faire découvrir la musique par l’expérience directe : toucher, entendre, ressentir. J’ai développé une pédagogie qui permet à chaque enfant de s’exprimer musicalement, quasiment dès la naissance.
Comment se déroule concrètement cette initiation ?
Les enfants découvrent toutes les familles d’instruments : cordes, vents, percussions, claviers…Les parents participent aussi activement, pour qu’ils comprennent que la musique ne sert pas à « défouler », mais à se développer. Il s’agit de partager une vraie expérience sensorielle et affective.
Comment avez-vous rejoint le Festival de Verbier ?
En 2018 ou 2019, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de proposition pour les tout-petits au VF. J’ai proposé d’y intégrer un programme d’éveil musical, une idée qui a tout de suite retenu l’intérêt. Ce furent d’abord des conférences (Covid oblige ! ), puis des ateliers et des expériences de participation à des masterclass. Elles présentent l’avantage d’être proches du musicien, adaptées à la concentration des petits. On leur apprend à écouter, pas juste à entendre.
Y a-t-il eu des moments marquants lors de ces ateliers KiDS ?
La grande variété des publics, de toutes nationalités, avec ou sans passé musical, est très enrichissante. Je me souviens par exemple d’une masterclass avec une pianiste russe qui a joué le jeu et captivé les enfants malgré la barrière linguistique. Preuve que la musique passe par l’émotion, non par les mots. Ou encore, ce père qui a ressorti sa trompette devant son enfant pour se reconnecter à une ancienne passion.
Propos recueillis par Jean-Philippe Jutzi
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| LA PHOTO DU JOUR

Evgeny Kissin et Martha Argerich 29.07.2025 © Sofia Lambrou
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LE TALK DU JOUR
Brad Mehldau Host : Pierre Colombet | 17:00
Pavillon des Combins |
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LE JUKEBOX DU JOUR
Audio > MENAHEM PRESSLER IN VERBIER (2025)
Vidéo > Menahem Pressler (2025, 2013)
Pavillon des Combins | 17:30 |
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LA BALADE DU JOUR
Bruson – Cambolé – La Tuyayle
Promenade facile à Bruson, le bisse des Ravines a été mis en eau au début du XIXe siècle, en 1908, et a été abandonné depuis 1942. Sa réhabilitation en octobre 2013 remet en lumière les techniques variées qui étaient utilisées pour la construction de ces anciens chenaux d’irrigation.
+ d’info : verbier.ch
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SÉANCE DE DÉDICACE
Avec Alexandre Kantorow, à l’issue de son concert ce soir au Pavillon des Combins |
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LA MÉTÉO DU JOUR
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Alexandre Kantorow,
de retour au Verbier Festival
« La virtuosité, ça ne veut pas forcément dire juste jouer vite et fort » |
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Alexandre Kantorow © Sasha Gusov |
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Il est désormais connu du grand public pour avoir joué sur la Seine contre vents et marées, ironie du sort, Jeux d’eau de Ravel, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris l’été dernier. C’est sur une autre scène, celle des Combins, fort heureusement abritée et dont il est désormais un habitué, qu’Alexandre Kantorow fait son retour au Verbier Festival. Cette fois sous la baguette de Teodor Currentzis qu’il avait déjà côtoyé alors que le chef gréco-russe était directeur musical de l’Orchestre Symphonique de la SWR. Des retrouvailles placées sous le signe de Rachmaninoff et de sa redoutable Rhapsodie sur un thème de Paganini, taillée à la mesure des mains gigantesques du compositeur russe. En l’espace de vingt-quatre variations, celui-ci déploie en effet une virtuosité éblouissante, à la hauteur des capacités hors normes de l’illustre violoniste à qui elles doivent leur nom et dont Gustave Flaubert ne manquait pas de souligner, dans son savoureux Dictionnaire des idées reçues, que le musicien était, lui aussi, « célèbre par la longueur de ses doigts ».
De virtuosité, il en était justement question lors d’un entretien du pianiste sur France Culture : « La beauté de la virtuosité, c’est le danger, c’est la prise de risque, c’est voir quelqu’un aller se dépasser et sentir ce moment sur la ligne qui est tendue et, à la fin, ce triomphe. La virtuosité, ça ne veut pas forcément dire juste jouer vite et fort. Ça veut aussi dire arriver à maîtriser tellement la technique, qu’on arrive à rendre la pièce facile. Il y a des pièces qui méritent d’être juste légères et qui sont redoutables et on ne doit absolument pas entendre la difficulté. Il y a des pièces au contraire où il faut plonger dans l’abîme vraiment du désespoir et que le public ressente cette douleur et cette intensité. »
ResMusica semble les avoir bien ressentis à l’écoute de son interprétation de cette même partition en novembre dernier à la Philharmonie de Paris : « On est d’emblée frappé par l’équilibre et la complicité existant entre orchestre et soliste, dans une lecture véritablement concertante tout au long des 24 variations. On y admire la variété du jeu pianistique, percussif mais sans excès, méditatif ou élégiaque, la virtuosité contenue sans outrance ni effets de manche, les accents jazzy ou motoristes rappelant Prokofiev autant que la clarté de l’articulation, le phrasé envoûtant, la richesse en couleurs allant du lyrisme éperdu au sombre drame avec l’énoncé plusieurs fois répété du Dies Irae. »
Autant de louanges sembleraient presque faire oublier qu’Alexandre Kantorow est encore jeune – il est né en 1997 – et que sa médaille d’or au Concours Tchaïkovski de Moscou, qui, en tant que premier récipiendaire français de l’histoire de la compétition, l’a littéralement propulsé au firmament, ne l’est pas beaucoup moins. Si la Rhapsodie sur un thème de Paganini constitua l’ultime œuvre concertante composée par Rachmaninoff, Kantorow, lui, n’en est donc pas à son dernier coup de maître.
Anne Payot-Le Nabour
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Débuts de Teodor Currentzis
au Verbier Festival
Quand les parfums, les couleurs et les sons se répondent… |
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Teodor Currentzis © Nina Worb |
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Artiste baudelairien ou rhapsode des temps modernes ? Avant le redoutable Concerto pour violon de Brahms et la fascinante Symphonie « Italienne » de Mendelssohn demain, il a choisi ce soir d’ouvrir son premier concert au Verbier Festival avec la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninoff. Carrière hors des sentiers battus et parcours de vie tout aussi atypique, qui relèverait presque de l’épopée, font croire qu’il ne paraît pas totalement incongru d’associer Teodor Currentzis, esprit libre s’il en est, à ces poètes de l’Antiquité qui allaient de ville en ville déclamer récits épiques et autres histoires. Car c’est bien sur la terre d’Homère qu’il voit le jour, un certain 24 février 1972, à Athènes. Les temples grecs font toutefois bientôt place aux palais de Saint-Pétersbourg, puisqu’il s’installe dans l’ancienne ville impériale afin d’y poursuivre ses études de direction auprès du célèbre pédagogue Ilya Musin : « Il m’a donné la confiance suffisante pour me trouver moi-même. Ne pas être une marionnette », se souvient-il, ému.
Cette épopée vers le Nord ne fait alors que commencer, dans la mesure où il est bientôt nommé chef d’orchestre principal de l’Orchestre de l’Opéra de Novossibirsk, en Sibérie, où il fonde son ensemble MusicAeterna, avant de devenir, quelques années plus tard, directeur musical de l’Opéra de Perm, cette fois au cœur de l’Oural. Ses pas le mènent ensuite en Allemagne, où il vient d’achever un mandat à la tête de l’Orchestre Symphonique de la SWR à Baden-Baden. Il a aussi établi son propre label dont le nom, Théta, est emprunté à une lettre de l’alphabet grec, léger clin d’œil à sa terre natale ; et repris en quelque sorte sa liberté, indissociable, semble-t-il, de sa façon de diriger : « Liberté parce qu’en tant que musicien du collectif travaillant avec lui, vous vous sentez célébré en tant qu’individu. Chaque musicien est protégé mais aussi encouragé. Ensuite, la beauté. […] Je n’ai jamais vu un plus grand fanatique de la beauté. Et la clarté. Cet homme est un chorégraphe », évoquait ainsi l’un des musiciens d’Utopia, son ensemble récemment créé.
Chorégraphe peut-être, mais aussi féru de parfums, à tel point qu’il a élaboré aux côtés du maître de la discipline, Vincent Micotti, trois fragrances aux thématiques épiques, encore et toujours, autour du voyage – le sien incluant, il va sans dire, un détour par les arômes enchanteurs des îles hellènes. « Le parfum m’inspire parce qu’il me rappelle ce à quoi j’aspire lors de mes concerts : le côté unique, inimitable », confiait-il à la Neue Musikzeitung. À la chimie des parfums avait auparavant répondu sa consœur, la physique, en l’occurrence celle du Prix Nobel 1962, Lev Landau, dont il a incarné le personnage dans le film Dau d’Ilia Andreïevitch Khrjanovski.
Artiste des correspondances ? Quoi qu’il en soit, avec Teodor Currentzis, « les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Indéniablement…
Anne Payot-Le Nabour
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La Billetterie est ouverte à Verbier
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