| En coulisses avec…Hervé Boissière
« Le parfum, c’est la musique. Le flacon doit être à la hauteur » |
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Hervé Boissière © Denis Rouvre |
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Co-Directeur Général du Verbier Festival aux côtés de Martin Engstroem, promoteur de musique classique depuis plus de 30 ans, pionnier de la diffusion numérique avec la création en 2008 de la plateforme medici.tv, Hervé Boissière est sur tous les fronts.
Comment se passe cette deuxième année en tant que Co-Directeur ?
Extrêmement bien. Les concerts sont sublimes. Côté public, c’est un grand succès, avec une forte augmentation de la fréquentation. Les nouvelles activités comme les Talks ou le Jukebox créent une belle ambiance. Tout Verbier vit au rythme du Festival.
Comment vous répartissez-vous le travail avec Martin Engstroem ?
On partage tout, on forme un duo très complémentaire. Martin a toute l’histoire du Festival, ce qui est précieux. Il apporte de la sagesse, de l’expérience. J’apprends énormément à ses côtés. Il dirige la programmation, qui se prépare deux à trois ans à l’avance. Moi, je m’occupe principalement du développement, avec un plan stratégique défini avec le comité de Fondation pour les cinq prochaines années.
Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?
2026 sera une année très active en Asie avec un Verbier Festival à Shenzhen en Chine en janvier-février, la Corée du Sud en avril et une grosse tournée au Japon en octobre avec Mao Fujita. À chaque étape, il ne s’agira pas simplement d’une tournée, mais de véritables résidences, incluant des masterclasses, des rencontres et des Talks. 2027, quant à elle, sera davantage orientée vers l’Europe et les États-Unis, avec notamment un rendez-vous majeur à New York, au Carnegie Hall.
Développement à l’international sur le modèle d’Art Basel, innovations constantes sur le site de Verbier, c’est une grosse machine à faire tourner…
Absolument ! Le travail en coulisses de toutes nos équipes est extraordinaire. Il y a le personnel à plein temps à Vevey (une vingtaine de personnes), le staff d’été (une centaine) et les quelque cent trente bénévoles. Avec les prestataires externes, il faut trois cents personnes pour faire tourner le Festival. J’aime cette image : le parfum du Verbier Festival, c’est les artistes et leur musique sublime ; nous leur devons un flacon qui soit à leur hauteur.
Propos recueillis par Jean-Philippe Jutzi
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| LA PHOTO DU JOUR

Alexandre Kantorow 31.07.2025 © Nicolas Brodard
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LE TALK DU JOUR
Jacqueline du Pré : Genius and Tragedy
Matthew Percival, Mischa Maisky et Clara Schlotz
Host : Jack Pepper| 15:00Pedja Mužijević, Stephen McHolm et Christina Nam
Host : Jack Pepper | 17:00
Pavillon des Combins |
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LE JUKEBOX DU JOUR
Audio > TRIFONOV CHAMBER MUSIC (2022)
Vidéo > Daniil Trifonov (2012)
Pavillon des Combins | 17:30 |
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LA BALADE DU JOUR
En route vers hoplà
Montée jusqu’à La Chaux avec des pauses musicales en chemin. À l’arrivée, profitez de hoplà : concert latin jazz avec Yilian Cañizares, vue imprenable sur les sommets, et restauration sur place.
+ d’info verbierfestival.com
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LA MÉTÉO DU JOUR
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Marc Bouchkov
La musique métaphore de la vie |
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Marc Bouchkov © Peter Adamik |
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Premier prix au Concours de Montréal en 2013, Marc Bouchkov s’est vite imposé sur les scènes internationales, en soliste comme en musique de chambre, par un jeu combinant beauté du son, technique impeccable, chaleur expressive et raffinement. Le public de Verbier qui a pu l’entendre avec Mao Fujita en 2023 n’oubliera pas de sitôt leur intégrale des Sonates pour violon et piano de Beethoven. Le violoniste prête ce soir son archet au très virtuose Concerto de Brahms.
Né dans une famille de musiciens, le jeune Bouchkov grandit environné par le violon dont on joue chez lui comme on parlerait une langue maternelle. « Le violon est un instrument magique, complet, doté d’une histoire. Le comprendre dans toute sa splendeur est un Art avec un A majuscule. Pour un violoniste, c’est un préalable à l’art de la musique. Je viens de relire le formidable traité du grand pédagogue Leopold Auer qui en parle en ces termes. Il explique notamment comment travailler musicalement gammes et études pour que chaque note compte musicalement. Que chacune ait du sens, même dans une gamme ou un arpège (il y en a beaucoup au début du Concerto pour violon de Brahms !), cette idée me guide et m’inspire. Auer rappelle encore ce que ses différents maîtres affirmaient : le son doit nous rapprocher le plus possible de nos émotions. »
Comment aborder un chef d’œuvre aussi redoutable que le Concerto de Brahms ?
L’œuvre est magique, l’orchestration fabuleuse, la forme inouïe. Le premier mouvement, épique, est suivi d’un Adagio phénoménal : de la pure musique de chambre entre le violon et l’orchestre, avec des éléments de lied qui entrelacent le violon et le hautbois. Lorsque vous avez fini de le jouer, vous vous dites : « Waouh, que vient-il de m’arriver ? » Dans le Finale arrive le Brahms que l’on aime avec ces allusions hongroises, presque tziganes.
Pour une telle partition, il faut un guide. Or grâce au disque, nous avons une trace de ce que pouvait être le violon à l’époque de Brahms. Écoutez ces merveilleux interprètes : Mischa Elman, Nathan Milstein, Efrem Zimbalist. Chacun avait son langage musical, mais tous partageaient un même langage violonistique qui se reconnaît tout de suite. Or tous étaient des élèves d’Auer, lui-même élève du grand Joachim, ami et interprète de Brahms, et pour ainsi dire co-auteur de son Concerto pour violon. D’eux à Auer, d’Auer à Joachim, nous remontons jusqu’à Brahms !
Un mot sur votre complicité avec le VFCO, avec qui vous avez très souvent joué ?
Nous partageons une belle histoire depuis quelques années. Le VFCO réunit des interprètes exceptionnels en provenance de pays et d’orchestres du monde entier qui viennent pour unifier leur talents. Il me semble que là réside la force et la beauté de cet orchestre, cet esprit de partage et d’unité. J’ai été élevé dans l’idée que la vie tout entière était dédiée à la musique, au violon. Avec le temps, je vois les choses autrement : la musique est la métaphore de la vie et non l’inverse. La musique s’enrichit de ce que nous éprouvons. Il faut vivre.
Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan
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Paavo Järvi
Concert de clôture |
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Khatia Buniatishvili et Paavo Järvi © DR |
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De retour après plusieurs années d’absence, Khatia Buniatishvili et Paavo Järvi sont les stars du Concert de Clôture. Les deux artistes, qu’unit une longue complicité musicale, interprèteront deux incontournables du répertoire, le Premier Concerto de Tchaïkovski et la Symphonie « Titan » de Mahler.
« Diriger c’est communiquer avec l’orchestre et avoir la capacité de changer la direction d’une œuvre. Plus on a d’expérience, moins l’on a besoin de parler » confiait Paavo Järvi en 2023 dans un portrait que lui consacrait l’Elbphilharmonie de Hambourg. Et de fait, hier, après avoir salué les jeunes musiciens du Verbier Festival Orchestra, c’est sans aucun discours préalable que le chef engageait leur première répétition ensemble et qu’il se lançait dans la Symphonie N° 1 de Gustav Mahler. Il s’est arrêté, bien sûr, et souvent, après le premier filage dans la grande salle de l’école de la Comba : pour préciser la conduite d’un motif (« évitez tout caractère mécanique »), la qualité sonore d’un phrasé des violons (« pas trop sec, pensez aussi à la main droite ») ou celle du chant des violoncelles. Il est souriant, précis, bienveillant avec les jeunes, des interlocuteurs qu’il connaît bien grâce au Pärnu Music Festival. C’est dans cette ville du Sud de l’Estonie, sur les bords de la mer Baltique, que la famille Järvi a créé un festival qui, dans l’esprit de celui de Verbier, conjugue un orchestre de jeunes le Järvi Academy Symphony Orchestra, une académie et l’Estonian Festival Orchestra, un orchestre en résidence, fondé par Paavo Järvi pour associer les meilleurs musiciens estoniens à d’autres du monde entier.
Né à Tallinn le 30 décembre 1962 dans la famille la plus musicale d’Estonie, Paavo Järvi compte parmi ses ascendants, un oncle et un père chef d’orchestre. « Mon père, Neeme Järvi, à 87 ans, est d’une curiosité sans fin. J’ai été élevé dans une atmosphère d’ouverture et nous avons toujours exploré de nouveaux répertoires, de nouveaux compositeurs. Aujourd’hui, tout est question de marché et de billetterie, on se concentre sur les succès, alors qu’il existe une tradition de 400 ans dont on ne sollicite que 5%. »
La famille émigrant en 1980 pour raisons politiques, le jeune Paavo se forme aux percussions et à la direction d’orchestre au Curtis Institute de Philadelphie. Il se perfectionne au Los Angeles Philharmonic Institute avec Leonard Bernstein.
« I love my job » déclarait-il il y a une dizaine d’années, alors directeur musical de l’Orchestre de Paris dont il a tenu les rênes de 2010 à 2016, avant de prendre la direction de la NHK de Tokyo. Depuis 2019/2020 le chef est Directeur musical de l’orchestre de la Tonhalle de Zürich avec lequel il entreprend une intégrale des symphonies de Mahler pour Alpha Classics tout en conservant des liens étroits avec la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême avec laquelle il mène à bien le cycle des Symphonies « londoniennes » de Haydn pour RCA. Dans ces enregistrements, Paavo Järvi se distingue par la clarté de sa direction convaincue, la lisibilité de la polyphonie, et son refus de l’effet. Il est aujourd’hui le troisième chef au monde le plus occupé, selon Bachtrack. La presse avait salué, lors de leurs derniers concerts ensemble, la belle énergie qui unissait Khatia Buniatishvili et Paavo Järvi. Elle révélera demain, sans aucun doute dans toute sa majesté, le lyrique et tumultueux Concerto pour piano de Tchaïkovski.
Laetitia Le Guay-Brancovan
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La Billetterie est ouverte à Verbier
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