VFO / PAAVO JÄRVI / KHATIA BUNIATISHVILI

Si le Premier Concerto pour Piano de Tchaïkovski est un classique absolu du répertoire, il n’en fut pas toujours le cas ; Nikolaï Rubinstein, qui devait en être le dédicataire, jugea en premier lieu la musique si mauvaise que le compositeur aurait mieux fait, selon lui, de recommencer l’ouvrage à zéro ! Cela n’est pas sans rappeler le destin du non moins fameux Concerto pour Violon, dont Leopold Auer avait également refusé la dédicace pour des raisons similaires. Ces réactions mettent finalement en évidence ce qui différencie Tchaïkovski de ses contemporains, et en quoi il est parvenu à amener une touche nouvelle au genre du concerto. En élaborant des épisodes solistiques émotionnellement plus complexes que ceux auxquels le public était habitué, en n’hésitant pas à développer le caractère grandiose et épique des parties d’orchestre, Tchaïkovski a su trouver sa manière de renouveler le concerto -en même temps qu’il déroutait son public d’alors.

Autre chef-d’œuvre issue d’une gestation complexe, la Première Symphonie de Mahler alla de révisions en échecs critiques pendant plus de vingt ans, avant d’être reconnue à sa juste valeur dans l’après-guerre. On ne peut aujourd’hui qu’en admirer le foisonnement narratif et orchestral, et voir déjà dans certains de ses gestes musicaux ce qui marquera les générations suivantes -à l’image de ce deuxième mouvement dont Chostakovitch n’aurait pas reniée la sauvage et bondissante énergie.