DANIEL LOZAKOVICH / EDGAR MOREAU / BEHZOD ABDURAIMOV

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Les deux œuvres au programme de ce concert constituent sans nul doute les tentatives les plus réussies de renouveler la forme du Trio avec Piano à la période du romantisme tardif. Dvořák, en alternant épisodes méditatifs et danses énergiques (les fameuses « Dumka » qui donnent leur nom à l’œuvre), parvient à retranscrire musicalement la versatilité de l’âme, qui peut en l’espace de quelques instants plonger de la quiétude au désespoir le plus furieux. Il n’est d’ailleurs pas un hasard que « Dumky » désigne à la fois une danse tchèque et désigne un état d’âme si caractéristique de la culture slave qu’il en est intraduisible.  

C’est peut-être ce même état d’esprit qui anime Tchaïkovski lorsqu’il compose son unique et funèbre Trio avec Piano. Le premier mouvement est conçu comme une unique longue phrase, le premier thème, partagé entre le violon et le violoncelle, ne semblant jamais vouloir finir, le piano assurant par ses impassibles mouvements rythmiques la continuité dramatique du mouvement. Le second mouvement est un thème et variations sur un motif inspiré du style classique, ce qui n’est pas sans rappeler les Variations Rococo. Sous un apparent exercice de style, Tchaïkovski développe une trame dramatique qui n’apparaît au grand jour que lors du grand final de cette œuvre unique en son genre. Un défi dramatique que les artistes de ce concert, qui se sont tous trois illustrés dans leurs interprétations des œuvres concertantes du compositeur, semblent les plus à même de relever.