Brahms avait à peine 20 ans lorsqu’il a écrit sa Sonate pour piano N° 3, passionnée et virtuose, mais structurellement et émotionnellement ambitieuse. Après un premier mouvement plein de rythmes mouvants, un Andante évoque un poème d’amour nocturne, qui, après un Scherzo bondissant, ressurgit grâce à un mouvement supplémentaire « Rückblick » (regard en arrière). Le final compile enfin toutes les idées du passé. En revanche, les Intermezzi de l’opus 117 sont des pièces de maturité aux couleurs automnales. Décrites par Brahms comme « trois berceuses pour mes chagrins », la première s’inspire d’une berceuse écossaise, tandis que la troisième est une chanson d’amour écossaise. Les quatre Klavierstücke op. 119 sont aussi marqués par le chagrin : un Adagio mélancolique en si mineur empli de figures tombantes ; un Andantino nerveux en mi mineur (bien qu’ayant une valse centrale chaleureuse) ; une troisième pièce offre un répit plein de grâce en do majeur ; et alors que la dernière s’ouvre triomphalement en mi bémol majeur, elle se termine sur une tonalité mineure angoissante.