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Khatia Buniatishvili

piano
Biographie

Comme Pablo Casals avant elle, Khatia Buniatishvili place l’être humain au centre de son art. Les valeurs fondamentales transmises par les Lumières ne sont pas sujettes à discussion. S’il y avait un incendie et qu’il faille choisir entre un enfant et un tableau, elle n’hésiterait pas une seconde. Pourtant, une fois l’enfant sauvé des flammes, elle l’emmènerait au Musée des Beaux-Arts pour qu’il devienne peintre. Pas besoin de sauver « le feu » (comme Cocteau répondit) car il brûle déjà dans ses yeux, fait rage dans ses doigts et réchauffe son cœur.

Khatia, née à Batoumi, en Géorgie, sur la mer Noire, le jour le plus long de l’année 1987, connaît le prix de la liberté et de l’indépendance, et comprend l’énergie nécessaire pour tenir droit dans la vie. L’exemple de ses parents n’a pas échappé à son regard. Durant la période chaotique que traversait son pays, les parents de Khatia ont dû faire preuve de grande ingéniosité pour repousser la pauvreté. Sa mère, qui lui a fait découvrir la musique, cousait de magnifiques robes pour ses deux filles à partir de morceaux de tissus qu’elle récupérait ici et là. Les sœurs ont vu sous leurs yeux un modèle de créativité pour sourire face à l’adversité.

Cependant, le piano n’a jamais posé de problème à Khatia. Elle a été bénie d’une capacité impressionnante, donnant son premier concert à l’âge de six ans. Par amusement, sa mère laissait chaque jour une nouvelle partition musicale sur son piano et, affamée, Khatia, avec ses longs bras ressemblant à des tentacules, les dévorait. N’ayant jamais eu à lutter avec son instrument, elle a toujours considéré les pianos du monde entier comme des amis d’où elle doit tirer le meilleur, en respectant les particularités de leur caractère et en goûtant aux charmes de leur personnalité ; tout en ne cherchant jamais à les changer ou à en faire ses martyrs. Sa sœur Gvantsa est aussi une excellente pianiste. Ensemble, elles forment un duo parfaitement complémentaire, l’une ayant les pieds sur terre, l’autre étant supersonique.

La grande carrière de Khatia s’est déroulée assez naturellement, sans lutte. Le soleil n’a pas besoin de déplacer des montagnes pour exister, car il se lève et brille pour tous. Et ces mots viennent à l’esprit lorsqu’on la voit surgir sur scène ou dans la vie : ses cheveux flottants, sa silhouette fine, tout à fait parisienne, ses lèvres souriantes, ses pas légers comme une sylphide et son corps de félin. Mais la rose montrera ses épines si elle sent ce qu’elle chérit menacé. Elle ne renoncera pas à un projet humanitaire. Elle ne sera pas empêchée d’aider le pays où elle est née et a grandi. Elle ne sera pas forcée à jouer dans un pays qui dénigre ses valeurs. Elle n’acceptera pas des partenaires de jeu imposés qui n’inspirent ni respect humain ni grande admiration artistique en égale mesure. D’ailleurs, rien ne peut être imposé à cette jeune dame de l’air dont les battements d’ailes pollinisent les œuvres et qui répand une nuée musicale de poudre d’or aux quatre vents.

Franz Liszt est l’un de ses héros. C’est avec lui qu’elle voulait s’aventurer en premier dans le monde de la discographie. Liszt repousse sans cesse les limites du possible. Il innove et est généreux, réunissant les styles populaires et académiques, le profane et le sacré, la nature et la poésie – il transcende tout ce qu’il touche.

Khatia Buniatishvili évite la représentation et l’auto-intellectualisation. Elle pourrait tout à fait adopter la devise de son amie Martha Agerich, « Vivre et laisser vivre » – elle aussi est Gémeaux. Elle aime la complexité des choses, pas la complication ; les paradoxes, pas les oppositions rigides qui s’avèrent souvent stériles. Elle est à l’aise dans la création et moins intéressée par la réaction. Stimuler par le dialogue entre les arts, elle respire l’oxygène de l’imagination et trouve l’équilibre dans la réflexion.

Au fond, elle reste cette enfant fascinée par la vie et par les êtres qui lisait déjà Dostoïevski et Tchekhov à l’âge de neuf ans, et pour qui il était déjà tout à fait clair que la beauté sauverait le monde. Sans distinction : ce qui est juste sonnera juste et marquera son empreinte.

C’est de cette manière qu’elle aborde tous les styles, du baroque au moderne, dans son CD Motherland, pour démontrer que la vraie musique n’a pas besoin de barrières et que tous les styles s’effacent dans le seul vrai style universel et révélateur qui peut se résumer en ces mots de Mozart : « L’amour, l’amour, l’amour, c’est là que réside l’âme du génie. »

Khatia Buniatishvili, brillante pianiste au sommet de ses capacités, est arrivée dans ce monde dans une pluie de lumière lors du solstice d’été. Sur le plan humain, elle est davantage attirée par les équinoxes, séduite par la justice et cherchant le jour et la nuit en parts égales. En levant les yeux vers le ciel, on pourrait la voir jouer à cache-cache avec Vénus ou Mercure. Le cosmos est son jardin et c’est dans son mouvement qu’elle se sent vivante, juchée sur une comète.


Programme
03 août 2025 18:30
symphonique
VFO / PAAVO JÄRVI / KHATIA BUNIATISHVILI

Streaming
17 juillet 2011 JÄRVI & BUNIATISHVILI
Concerts
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26 juillet 2011 KHATIA BUNIATISHVILI
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