En coulisses avec… Erick Sez
Directeur technique, entre créativité
et sécurité |
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Vous êtes directeur technique du Festival depuis 32 ans. Comment a évolué votre rôle ?
Au début, le Festival se résumait à deux concerts par jour : un sous une tente à Médran le soir et un l’après-midi à l’Église. Aujourd’hui, c’est une grosse machine : deux concerts symphoniques par jour, trois à l’Église, des activités dans tout Verbier… Mon rôle, c’est de garantir les meilleures conditions possibles aux artistes, mais aussi, depuis trois ans, d’assurer la sécurité du public.Quelle est la taille de votre équipe ?
Environ 80 personnes : scène, son, lumière, enregistrement, vidéo, archivage… On tourne par équipes avec du roulement, car un festival sur trois semaines, c’est intense. À cela s’ajoutent les correspondants sécurité, un par lieu ouvert au public.Parlez-nous de l’installation des structures.
Je supervise le montage de la tente avec une entreprise spécialisée, puis on assure la décoration, l’énergie, la plomberie…Le tout démarre mi-mai pour une livraison début juillet. Ensuite pendant le Festival, chaque jour, on adapte les scènes aux besoins : récitals, symphonies, ballets… Tout est planifié en amont avec l’équipe artistique.La grande nouveauté cette année, c’est le Pavillon des Combins…
C’est une idée d’Hervé Boissière qu’il m’a demandé de concevoir : un lieu convivial de rencontres, de diffusions vidéos et de conférences, qui soit à la fois festif et accueillant, combiné au bar et à la billetterie. C’est un espace modulaire, avec un comptoir adapté aux caprices de la météo. Une idée de Martin Engstroem, un espace « fermé-ouvert », accessible depuis l’extérieur par beau temps et depuis l’intérieur en cas de pluie.Un souvenir marquant, une anecdote croustillante ?
Oui, une parmi bien d’autres, avec Barbara Hendricks et le pianiste Michel Dalberto. Lors d’un concert, Michel, qui vient souvent avec son chien, l’avait laissé en loge. Mais au moment de chercher une partition, il a laissé la porte ouverte… et le chien s’est invité sur scène ! Il a fait le tour du piano avant de s’installer dessous comme s’il assistait au récital. Le public était hilare. Un moment inoubliable !
Propos recueillis par Jean-Philippe Jutzi
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| LA PHOTO DU JOUR

Kristóf Baráti et Gábor Takács-Nagy 19.07.2025 © Sofia Lambrou
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LE TALK DU JOUR
Ekaterina Bonyushkina Host : Charlotte Gardner | 17:00 |
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LE JUKEBOX DU JOUR
Vidéo > Gala 20 Anniversary (2018)
Pavillon des Combins | 17:30 |
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LA BALADE DU JOUR
Jardin japonais
Départ : Tortin (2’045m). Point culminant : Jardin Japonais (2’250m). Adapté pour : familles avec jeunes enfants / avec poussette jusqu’au sentier, personnes de tout âge. Dénivelé 200m. Longueur 4.2km
+ d’info : verbier4vallees.ch |
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LA MÉTÉO DU JOUR
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Evgeny Kissin,
« Le chien-loup a raison » |
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Evgeny Kissin © Mascia Sergievskaia |
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La citation avait de quoi surprendre. L’an dernier, en réponse au « Questionnaire de Proust » pour ce même Quotidien du Verbier Festival, Evgeny Kissin confiait : « Ma devise ? Le chien-loup a raison, le cannibale a tort , une phrase du roman Le Premier cercle d’Alexandre Soljenitsyne.» Cette réponse suivait une autre : « Ce que je hais le plus ? Le communisme, le fascisme, le nazisme, la théocratie – tout ce qui va à l’encontre de la liberté et de la démocratie. »
Né à Moscou en 1971, Evgeny Kissin vit aujourd’hui en République tchèque. Il joue, compose, prend position publiquement contre les injustices et la guerre en Ukraine. Remarqué à deux ans, l’enfant entre très jeune au fameux Institut Gnessine de Moscou. À 12 ans, il joue les deux concertos de Chopin avec la Philharmonie de Moscou ; à 16, le Concerto pour piano N° 1 de Tchaïkovski avec Karajan. Aujourd’hui, Evgeny Kissin est l’un des plus grands pianistes vivants. « Dans chacun de ses récitals, écrivait Elsa Fottorino en 2022, il fait montre d’un jeu très architecturé, accordant un soin tout particulier aux timbres, et donnant aux œuvres qui le réclament toute leur dimension symphonique. Un jeu très précis, une fluidité hors normes, associés à une puissance à nulle autre pareille. » À quoi il faut ajouter la profondeur poétique.
La composition était une seconde nature de l’artiste dans l’enfance. Après s’en être détourné, le pianiste y est revenu en 2012, en même temps qu’il se mettait à écrire de la poésie et de la prose.
Chercher les contrastes
Le récital qu’il propose ce soir est en triptyque : Bach, Chopin, Chostakovitch. Bach et Chostakovitch se répondent. On sait comment le premier inspira au second ses Préludes et fugues pendant le concours Bach de Leipzig de 1950. Membre du jury, Chostakovitch avait été bouleversé par la jeune Tatiana Nikolaïeva dans le Clavier bien tempéré. Bach fut aussi un modèle pour Chopin, que Kissin place aujourd’hui au centre de son concert. Le pianiste a par ailleurs choisi de varier les formes : Partita pour Bach, Nocturnes et Scherzo pour Chopin, Sonate et Préludes et fugues pour Chostakovitch. « Comment concevez-vous vos programmes ? » demandait à Kissin le magazine Pianiste dans un long entretien réalisé à Prague à l’automne 2022 : « En cherchant les contrastes, sinon les gens s’ennuient. »
La saison 24/25 a été marquée par une longue tournée aux Etats-Unis, dont le point culminant fut, au Carnegie Hall de New York, un hommage à Chostakovitch. « J’ai de nombreux souvenirs liés à sa musique, nous confiait Evgeny Kissin ces jours-ci. J’ai beaucoup joué en particulier son Concerto N° 1. Le tragique est sans doute la dimension la plus importante de sa musique, ce qui la rend si actuelle. Peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, lors du premier gala de soutien à l’Ukraine auquel j’ai pris part, j’ai joué notamment le 2e Trio avec piano de Chostakovitch. Mes collègues et moi sentions tous que sa musique avait une résonance particulière. Il n’y a aucun doute que si Chostakovitch était vivant, il aurait haï le régime de Poutine en général et la guerre contre l’Ukraine en particulier. »
Laetitia Le Guay-Brancovan
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Les Amis du Verbier Festival
Un engagement constant auprès du Verbier Festival |
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Music in Motion © Francesca Sagramoso
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Deux ans après un soutien exceptionnel pour le 30e anniversaire, les Amis du Verbier Festival poursuivent leur action.
Marie-Jo Valente, la billetterie montre que 75% des Amis assisteront cette année à des concerts du Festival. Comment analysez-vous ces chiffres ?
Comme la preuve d’une réelle ferveur pour le Festival. Les Amis comptent environ 700 personnes. Que les deux-tiers d’entre elles participent cette année au Festival est remarquable. Par ailleurs, l’effectif global connaît un renouvellement continu. Des donateurs s’en vont, tandis que d’autres arrivent, notamment des jeunes désireux de soutenir la musique et les étudiants de l’Academy. Cette année, ces derniers sont tous accueillis par des Amis, une expérience qui s’avère riche pour les artistes comme pour leurs hôtes. Elle féconde des amitiés durables. Certains hôtes suivent les jeunes musiciens qu’ils ont reçus et vont les écouter par la suite, au cours de leurs tournées. Par ailleurs, certains des Amis absents de Verbier cette année mettent à disposition leurs logements pour des solistes ou pour le staff. Ces contributions participent du bon fonctionnement du Festival.
Le Festival propose cette année de nouveaux rendez-vous, comme les Talks ou le Jukebox. Qu’en est-il des activités dédiées aux Amis ?
Vous avez pu le voir depuis le début du festival, les Combins offrent un visage inaccoutumé : Le Pavillon, qui jouxte désormais la salle de concert, accueille non seulement la billetterie et un Forum, mais aussi un lieu dédié pour l’accueil des Amis. Une série de rendez-vous spécifiques leur sont par ailleurs proposés, comme des visites du nouveau Jukebox qui réunit 30 années d’archives du Verbier Festival, ou une retransmission sur écran, au Bar des Amis, de certains Talks. Pour que la vie des Amis ne se limite pas aux vingt jours du festival, j’organise aussi des événements durant l’année, notamment le concert du Nouvel An à Verbier.
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En tant que responsable du développement des Amis, vous avez aussi proposé une conférence sur le thème des glaciers en hiver 2024 au Cinéma de Verbier. La dimension écologique est-elle un axe fort ?
Je fais partie du groupe de travail « Verbier Festival Green » et j’essaie d’étendre cette réflexion au sein de la communauté des Amis. Le Festival fait voyager beaucoup d’artistes, de collaborateurs, ainsi que du public. Son bilan carbone est élevé, mais des actions sont possibles. La sensibilisation est primordiale. Le mois dernier l’accès au village de Lourtier au fond du Val de Bagnes a été coupé par une lave torrentielle avec des conséquences humaines et économiques tragiques. Relier la musique à la nature demeure essentiel ; préserver nos montagnes revient à prendre soin du monde de demain.Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan |
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La Billetterie est ouverte à Verbier
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