En coulisses avec… Martin Engstroem
Fondateur et Co-Directeur Général du Verbier Festival |
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| Martin Engstroem et Apollo © Nicolas Brodard |
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Comment vivez-vous l’effervescence des dernières heures qui précèdent l’ouverture du Festival ?
Avec la satisfaction de sentir que la situation est sous contrôle, ce qui est le fruit d’un travail accompli, car l’édition 2025 propose un grand nombre de nouveautés. Pour la première année, je partage la direction du Festival. Hervé Boissière l’assure avec moi depuis un an et demi et nous formons une très bonne équipe ! Je sens que nous maîtrisons le maelström qui commence.
Quels sont les spécificités de l’édition 2025 ?
J’ai cherché la diversité. Les festivaliers passent en moyenne six jours à Verbier, ce qui est assez long. Avec du ballet, du jazz, des soirées d’opéras, ou encore, l’offre très riche d’UNLTD, il y a de la musique pour tous les goûts et tous les âges. Parmi les nouveautés, il faut aussi signaler les débuts à Verbier de deux chefs de notoriété internationale. Barbara Hannigan, qui dirige demain, et qui sera la première femme chef d’orchestre à monter sur la scène des Combins ; et je me réjouis beaucoup de la venue du chef mythique Teodor Currentzis, qui dirigera deux concerts les derniers jours. Variété donc, avec de nouveaux visages, mais aussi avec les vieux copains qui reviennent : Argerich, Kissin, Maïski, Trifonov… ! C’est un bon mélange.
Ce qui vous réjouit particulièrement ?
Aujourd’hui, nous avons déjà vendu autant de billet qu’à la fin de l’édition 2024. Laquelle avait déjà connu 10% de plus qu’en 2023. Je pense que nous ferons à nouveau 10 % de plus cette année. J’en suis heureux car la concurrence est de plus en plus grade, il y des Festivals partout. Ce plébiscite du public prouve que notre offre plaît. Cela me touche énormément.
Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan
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J-1

Le staff du Verbier Festival 2025 © Silvia Laurent |
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LE JUKEBOX DU JOUR
La rencontre inédite avec
Martin T:son Engstroem (2013)
Pavillon des Combins | 17:30 |
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LA BALADE DU JOUR
Lac des Vaux
Départ : Les Ruinettes (2’191m). Point culminant : Col des Vaux (2’703 m).
Adapté pour : randonneurs moyens et expérimentés, familles avec enfants dès 8 ans. Dénivelé 500m. Longueur 7.5km
+ d’info : verbier4vallees.ch |
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LA MÉTÉO DU JOUR
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| La musique valaisanne en fête !Pour ouvrir sa 32e édition, le Verbier Festival met à l’honneur la diversité musicale du Valais. Des solistes originaires du canton sont réunis autour de l’Oberwalliser Vokalensemble et de l’Ensemble Apartig dans un choix de pièces concocté avec soin. |
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| « Le fil rouge du concert d’ouverture est la musique du Valais dans toute sa richesse: populaire aussi bien que savant » confie Hansruedi Kämpfen, fondateur et directeur musical de l’Oberwalliser Vokalensemble. |

Ensemble Apartig © DR |
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Le choeur, deux fois champion en Suisse, se produit régulièrement au Verbier Festival. « L’an dernier, nous avons chanté dans la Symphonie n° 3 de Gustav Mahler sous la baguette de Simon Rattle, une expérience musicale et humaine inouïe qui restera l’un de mes plus forts souvenirs. Cette année, je prépare les chanteurs avec mon assistant Cyrille Nanchen pour l’opéra vériste Cavalleria rusticana de Mascagni, que dirigera Fabio Luisi. »
C’est à Hansruedi Kämpfen que le Verbier Festival a confié le programme musical de la cérémonie d’ouverture, une soirée placée sous le signe du lien entre folklore et musique savante. « Des chants populaires alterneront avec des pages de compositeurs valaisans contemporains. Il peut s’agir d’harmonisations, ou d’œuvres autonomes, mais inspirées par l’esprit de la musique populaire. C’est le cas de ma pièce Abschied vom Rhonetal écrite sur un texte de Hannes Taugwalder, un auteur important du Valais. Abschied vom Rhonetal est un hommage pittoresque à la vallée du Rhône. Mon langage musical est contemporain, mais non atonal, dans la direction d’un Arvo Pärt. »
Comme dans toutes les musiques folkloriques, notamment celles d’Autriche et d’Allemagne, la nature – bien sûr les montagnes – l’amour, la joie ou la peine sont fondamentaux. « Prenez Ai-na-na, poursuit Hansruedi Kämpfen, la première pièce que nous allons chanter : c’est la transcription d’un chant de bergers valaisans par Jean Daetwyler, un compositeur qui a fait ses études à Paris au début du 20e siècle : il a travaillé avec Vincent d’Indy et Charles Koechlin. Ai-na-na évoque un ruisseau, l’eau qui court, le clapotis des cailloux et l’âme de la forêt. Le même Dätwyler est l’auteur du célèbre hymne valaisan Marignan que tout le monde peut fredonner ici. Loris Mittaz, pianiste classique et jazz, improvisera sur ce thème. » Au programme encore, des pièces d’Eugen Meier et Tobias Salzgeber. Trompettiste et accordéoniste, Tobias écrit principalement pour l’Ensemble Apartig dont il fait partie: 6 musiciens réunissant une contrebasse, un hackbrett (cymbalum suisse), trois clarinettes, un schwyzerörgeli (petit accordéon typiquement suisse alémanique) et une trompette qui seront de la fête ce soir.
Classique oblige, deux solistes suisses d’envergure internationale se produiront au cours du concert, le jeune violoniste Arthur Trælnes et la violoncelliste Estelle Revaz. Pour clore le tout ? « Nous terminerons par l’air fameux Weischus dü ? (Sais-tu ?) J’ai demandé à Roberto Olzer, le pianiste de l’Oberwallisser Vokalensemble, d’en faire une version que nous puissions jouer ensemble. Solistes, choristes, Ensemble Apartig, nous serons tous sur scène, pour finir en beauté sur cette mélodie célèbre.»
Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan
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« Less is more ! »
L’éminent pianiste français Jean-Efflam Bavouzet, fidèle du Verbier Festival, y revient cette saison pour trois concerts, dont une intégrale du piano seul de Ravel. L’occasion de redécouvrir une œuvre attachante qui conjugue élégance, pudeur et émotion. |

Jean-Efflam Bavouzet © Nicolas Brodard |
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Jean-Efflam Bavouzet, que représente pour vous, aujourd’hui, cette intégrale ?
J’ai toujours senti une grande affinité avec Ravel : il est l’un des compositeurs que j’ai le plus joués depuis l’enfance, je suis avec lui « à la maison ». Lorsque j’ai découvert Ondine, il m’a semblé que Ravel avait écrit cette pièce pour moi ! N’y entendez aucune arrogance, plutôt de la naïveté. Aucune autre musique ne m’a inspiré un tel sentiment d’évidence, pas même Debussy qui a commencé à me bouleverser seulement à 35 ans. J’irai plus loin : je me sens très français quand je joue du Ravel.
Qu’entendez-vous par « français » ?
Un souci des proportions, comme dans les jardins à la française. Ravel est un exemple parfait de la quête de la proportion. Il pensait l’écriture comme un métier, composant avec une extrême minutie, souvent en partant d’une idée préalable, à partir de laquelle il élaborait thèmes et harmonie. Le Boléro, par exemple, c’est l’absence de développement : 17 fois un même motif allant crescendo. «Le gibet» de Gaspard de la nuit, c’est la répétition d’une même note du début à la fin. Ravel est aussi un artiste de la litote : « Less is more » !
Pierre Boulez, avec qui vous avez beaucoup travaillé, disait de Ravel qu’il est l’un des rares compositeurs dont les indications métronomiques fonctionnent à la perfection.
C’est vrai ! Jouez moins vite, le passage devient ennuyeux ; plus vite, il semble hystérique ! Les tempi sont parfaits, car écrivant très lentement et avec difficulté, Ravel « portait » longtemps chaque œuvre en lui. Prenez le merveilleux mouvement lent du Concerto en sol que je jouerai dimanche avec le VJFO, Ravel disait que chaque mesure avait été un casse-tête alors que pour nous, la musique semble couler de source !
Vous allez jouer les pièces dans leur ordre chronologique, comme vous les avez enregistrées en 2023 et 2024 pour Chandos. Est-ce une manière de Journal du compositeur ?
Ravel écrit son œuvre pour piano seul sur une vingtaine d’années, des années 1890 jusqu’aux lendemains de la première guerre mondiale. Après, singulièrement, il n’y revient plus (sauf pour la version piano seul de La Valse). À la différence de Debussy, Bartók ou Stravinsky, Ravel n’évolue guère. Son écriture se dépouille, mais sans évolution de la forme, ni du langage basé sur les règles tonales de l’harmonie classique. Vous pouvez fredonner facilement du Ravel, pas du Debussy.
Ravel est un compositeur qui dit rarement ‘je’ », avez-vous écrit.
Oui, à l’opposé des romantiques, il ne parle à la première personne qu’à des moments exceptionnels: alors notre admiration pour ce géant, pour son intelligence et son écriture élégante, laisse place à une vague d’émotion difficile à contenir. Parmi ces grands moments, je citerais les grands paroxysmes dévastateurs d’Ondine, Scarbo, la fin de l’Alborada et, bien sûr, la dernière page terrifiante de La Valse. D’une facture extrêmement sophistiquée, la musique de Ravel est en même temps profondément nostalgique : elle porte en elle la nostalgie et la naïveté de l’enfance.
Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan
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La Billetterie est ouverte à Verbier
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